La niche
Déstructurant tout ce qu'il rencontre, justifiant comme il le peut son look, son attitude, son style de vie.
- C'est mon choix. Je bosse pas, je n'ai pas de bagnole, je paye pas d'impôts, juste mon loyer et encore. Je prone l'an zéro. On n'avait rien de tout ça, avant, le pôle social, tous ces
machins qui veulent régenter nos vies.
Les ZZZorganismes, dit-il en insistant sur le Z.
-Moi, je veux rien devoir à personne
Comme cela et tout à l'avenant........
Sa crête est plutôt bien taillée, ses piercings dans le nez et dans la bouche, sans extravagances, classique sans plus.
Ce sont les oreilles qui attirent le regard.
( Ils sont forts ces punks, ils se débrouillent pour que tu regardes ailleurs et que tu sois en déséquilibre)
Les oreilles, disais-je
( Je suis pénible, je suis sans arrêt en train de m'interrompre.)
Les oreilles sont totalement déformées par des soucoupes lovées dans les lobes.
C'est dantesque. Cela lui touche presque les épaules.
cela lui donne un look dumbo.
(sans la trompe)
Il pourrait bien présenter s'il était propre et lavait ses fringues.
C'est son choix.
Comme celui de résider là où ils a vécu avec sa punkette.
Avant qu'elle ne parte avec le môme.
Son appart' par exemple, c'est lui qui consent à résider dans cette poubelle.
Car si cela n'en est pas une, cela lui ressemble.
- C'était déjà comme cela avec elle. J'ai rien touché. Depuis trois mois.
Depuis qu'elle est partie et depuis l'information préoccupante.
Il copine avec deux gros chiens qui évidemment sont chez eux. C'est même plutôt lui qui est chez eux.
Et là le terme de poubelle est dépassé.
Dépotoir aussi.
Bordel également,
Décharge n'est pas loin
Quand on rentre, ce sont tous les sens qui sont convoqués.
L'odeur surtout.
Les odeurs sont de puissants appels de la mémoire.
Elles malmènent notre cerveau et ressortent des souvenirs singuliers.
Celles-ci m'ont transportées à l'aube de mes huit ans lorsque j'ai eu la curiosité de visiter la niche d'un gros chien bas-rouge gardant la ferme où mon père venait acheter de bons
produits fermiers.
A quatre pattes, je suis parti en exploration.
Je pensais que cela devait être super d'habiter la dedans. Comme dans une cabane.
Le cerbère semblait gentil et m'avait laissé entrer.
Par contre pas question de sortir.
Le voilà me montrant les dents et moi, contraint d'attendre la fin de la transaction paternelle.
Ce fut long et pénible.
Surtout l'odeur.
Et bien voilà cinquante ans plus tard, je me suis payé une nouvelle visite d'une niche.
Trop bien....
Sauf l'odeur