L' acteur
Il se dit séduisant, tombeur et paré des atours les plus aguichants pour la drague.
C'est sûr, il est un Dom Juan.
Sa mère le lui a dit.
Dom Ego aime dresser la liste de ses conquêtes au profils indéfinissables.
Ses soeurs aussi chérissent cet aîné, ce modèle.
En fait, il n'est rien d'autre qu'un fat, condescendant et prétencieux.
Allez, je le dis, il n'est pas exceptionnel, plutôt commun et ses ficelles de séduction sont épaisses.
Dom Ego s'affiche en Rayban et fringues à la mode, et n'a cesse de me répéter que les femmes sont attirées par l'apparence et le fric.
Du coup, il n'a ni style, ni personnalité autre que celles qu'il copie dans les magazines.
Il sait ce que veulent les femmes, il lit Cosmopolitain.
Dom Ego me fait penser aux caricatures des sketchs de Timsit.
Pire.
Son absence de modestie et son arrogance, sa suffisance et sa vantardise fatiguent tant elles sont visibles.
Son problème, c'est qu'il ne veut pas l'admettre.
Ce sont les autres qui ne comprennent pas.
Les femmes qui le poursuivent pour agressions sexuelles ou viols, les juges qui ne pigent rien et nous, travailleurs sociaux qui ne voient pas qu'il est d'abord une victime de la rancune de
ces femmes qu'il a abandonné .
Même en détention, Dom Ego continue.
Il est accaparé par une image, son image, qu'il ne cesse de peaufiner et se donne en représentation.
Les femmes agressées, terrorisées par ses attaques, ne sont que quantités négligeables et doivent être à ce titre, traitées avec mépris.
Il continue d'enjoliver et de se dire. Il se brode une histoire personnelle dans un film dont il est le héros.
Dom Ego ne perçoit pas que je l'écoute comme on écoute un malade.
Il est est certain. Il m'a dans sa poche.
Dom Ego me sourit, fier et conquérant.
Nous ne sommes pas dans un parloir vieillot, sonore au mobilier sommaire et désuet.
Lui en tout cas n'est pas là.
Il attend que je l'applaudisse.
Elles avaient toutes entre 14 et 22 ans.
Toutes étaient paumées, en berne d'affection, tristes et malheureuses.
Elles cherchaient une aide, un refuge, une affection.
Dom Ego a joué de ses raybans, de sa veste Cerruti, à développé ses arguments de sauveur d'âme esseulée et pour toute réponse, leur a proposé son sexe.
Elles ne voulaient pas.
Mais lui voulait et selon Dom Ego c'est suffisant pour qu'elles soient d'accord.
Alors il ne comprend pas ce qu'il fait ici.
Et comme je n'applaudis toujours pas, Dom Ego, digne et droit, tire sur ses manchettes froissées, rajuste ses raybans usées et sort de scène vexé.