Quand la vie s'enrêve
Elle révait d'être une déesse.
Pour le rejoindre.
Alors elle s'enrêvait doucement chaque soir pour s'aider à fabriquer les échelles multicolores pour voir tout là haut comment pétillait le monde adulte.
Lucie à grandi.
Sans jamais oser se séparer de cette icone incontournable tant pour la famille que pour les très hautes responsabilités que ce dieu occupait dans la cité.
Elle n'a pas vu passer son adolescence et continuait à s'enrêver.
Hélas en cours aussi et le dernier conseil de classe n'a guère été tendre avec elle et ils ont proposé une orientation vers un bac pro.
Un gachis avec un père si brillant et si haut placé.
Quelle déception murmuraient les prochéléléchesculs.
Qu'importe, Lucie en quête d'images, se lance dans la photographie.
5 ans plus tard, son diplôme en poche, en voyage, elle fera la rencontre du l'âme frère.
Beau gosse, insignifiant, atone et corvéable, inculte et inerte..
Juste ce qu'il faut pour faire réagir ce père innaccessible.
Faire en sorte qu'il se penche vers elle, s'intéresse et la guide comme il sait guider les autres.
Mais non. Pas mieux. Toujours en déplacement avec les autres.
Alors Lucie tente de pousser le bouchon un peu plus loin.
Elle va faire un enfant.
Pas pour elle.
Pas pour donner un sens ou un projet à sa vie de couple, bien insignifiante et banale.
Une offrande pour attirer la bienveillance et l' attention du dieu..
Mais non. Pas mieux. Content d'être grand-père certes.
Mais ni colère, ni explosion de joie ou d'intérêt.
Alors Lucie tente de pousser le bouchon un peu plus loin.
L' héroïne qu'elle s'injecte depuis quelques temps la torture de plus en plus. Son corps et son cerveau saturent et elle glisse lentement dans une personnalité bipolaire.
Elle perd ses repères se coupe du monde social et et s'enfuie de plus en plus souvent dans des rêves qui semblent la faire sourire lorsque son père, son mari et son enfant vienent la visiter au
centre de soins..