première
Je viens de voir Félix BAUMGARTNER sauter dans le vide et dévaler l'immensité à une vitesse supersonique. (Du coup, le terme est
bon).
Je reconnais que cette première m'a scotché.
Mais moi aussi ,j'ai eu une première que tout le monde (ou presque ignore) parce
qu'évidemment il n'y avait pas encore BFM ou I télé.
J'men vas vous conter l'évènement:
1982,
Philippe, un collègue nous convainc d'aller grimper une falaise facile.
Inquiétude tout de même sur le mot facile, car Jean Luc et moi, on saisit un peu le langage Philippe.
C'est parti quand même et on se retrouve au pied d'une falaise de plus de 200
mètres de haut!
Aie!
Mais il se retourne et nous indique le pilier situé parallèlement à la
falaise.
C'est là !
Ah mieux! ça fait quand même une quarantaine de mètres et cela surplombe la vallée
de l'Ubaye, tout au fond.
Bigre.
Philippe monte installer les trois cordes qui vont être nécessaires pour monter en
auto sécurité.
Il monte, il monte, nous explique des trucs ou autres combines sur des passages qui
ont l'air compliqués. On n'écoute pas vraiment. Quand on flippe, on entend pas grand chose. Il disparaît un moment et nous appelle enfin pour nous dire de
réceptionner les cordes qu'il va lancer de là haut. Certes.
on réceptionne le bout des cordes . Il nous
rejoint et nous indique le manœuvre.
-
Ah, Alain, je n'ai pas assez de descendeurs je vais te faire un prusik et tu monteras avec.
Re Aie!
Le prusik, si je me rappelle bien est une cordelette que l'on installe sur la corde
et que tu glisses le long de la corde en montant. Si tu tombes, bah tu tombes pas, car la cordelette bloque.
Bon.
Jean Luc grimpe à droite et moi à gauche. Philippe grimpe entre nous
deux.
-Si il y a un problème, je pendule et je viens vers vous.
Bon.
Je ne parle pas trop de la sueur qui perle sur le front car il fait chaud à
Barcelonnette.
Mais bon, je goutte sacrément! C'est parti, en fin de compte, ça monte aisément.
C'est très agréable. Sauf pour Jean Luc qui reste un moment dans un dièdre pas simple.C'est pas la course mais ma voie est plutôt évidente et les prises se jettent sous mes doigts.
J'ai juste un léger surplomb, mais je suis encore assez souple et je l'avale. Voilà je suis en haut. Jean Luc et Philippe me rejoignent peu après et on déguste un
petit casse croute sur la pointe sommitale de ce rochounet de 40 mètres , bien décidés à narguer la falaise d'en face.
Haute quand même. Faut réfléchir. (pour moi c'est tout vu) Du coup on se retourne
gaillardement sur la vallée de l'Ubaye et là tu réalises que t'es quand même haut et que t'es pas rien. Fier et tout vraiment heureux d'avoir dominé
ça! A la Edlinger.( Le boss de l'escalade de l'époque.)
Bon là faut pas s'éterniser car on est pas d'ici et faut
redescendre.
-Alain, le coup du prusik c'est pareil pour la descente, tu descendras moins vite que nous
c'est tout.
Certes!
Et là, mes amis, c'est devenu sacrément coton
car le plaisir de la descente c'est de sauter de bonds en bonds en t'opposant au rocher.
Mais ce crétin de prusik t'empêche totalement de
faire cela et tu désescalade obligatoirement à la pépère. En plus la corde vrillait et se tournait avec l'autre brin. (Une corde de rappel est composé de deux brins) Ce fut pour moi, une sacré
galère, j'ai mis plus de 10 minutes à descendre (En temps normal une vingtaine de secondes).
Le plus dur c'est les deux autres en bas
qui se fichaient de moi et commençaient à boire un coup à ma santé, discutaient le bout de gras avec deux jeunes escaladeuses qui passaient. Et qui me regardaient. Oh là là, vite, maîtriser
la situation, crier qu'il y a une belle vue et que je profite au moins de la descente moi, pas comme d'autres. Tu parles, il n'y avait rien à voir, coincé entre deux falaises. Plus j'insultais ce
prusik, plus il faisait semblant d'obéir et se bloquait après deux mètres de descente.